Partager la publication "Le jour où Monica Seles s’est fait poignarder en plein match (Hambourg 1993)"
Le 30 avril 1993, le tournoi d’Hambourg était le théâtre d’un des moments les plus tragiques de l’histoire du tennis. Monica Seles, reine du circuit WTA, était poignardée en plein match, en quarts de finale.
A l’époque, la n°1 mondiale écrase tout sur son passage. Phénomène de précocité, la championne yougoslave (elle sera naturalisée américaine en 1994) n’en finit pas de collectionner les trophées. Celle qui n’a pas encore soufflé ses vingt bougies vient de remporter en janvier, son troisième Open d’Australie consécutif, atteignant ainsi la barre des huit titres en Grand Chelem. Pendant que les filles de sa génération s’affrontaient sur le circuit junior, Seles, elle, était déjà sacrée pour la première fois en Majeur, à Roland-Garros 1990, à seulement 16 ans.
Elle aborde donc le tournoi d’Hambourg en tant que grandissime favorite. Elle balaye ses deux premières adversaires avant de retrouver en quarts de finale Magdanela Maleeva. La Bulgare est une solide joueuse du top 10, mais l’écart de niveau entre les deux femmes est énorme. Seles gère parfaitement la rencontre en menant 6-4, 4-3, et s’apprête à boucler un match sans histoire.
Quelques secondes après s’être assise au changement de côté, une personne surgit des travées. Un cri strident fend la foule. Tout est allé très vite. Seles se tient le dos, grimace, avant de s’effondrer sur le court. Un homme est plaqué à terre en tribune, couteau à la main : il vient de poignarder la n°1 mondiale. L’auteur de l’agression se prénomme Günter Parche, un détraqué allemand, fan inconditionnel de Steffi Graf. Il expliquera que, par son geste, il souhaitait que son idole récupère la place de numéro une mondiale, dérobée par Seles, sa grande rivale.
Fort heureusement, la blessure ne fût que superficielle, mais les séquelles psychologiques laissées par ce maudit 30 avril 1993 furent irréversibles pour la Yougoslave. Elle sombra plus de deux ans dans la dépression. Dans les mois qui suivirent ce drame, Monica dit avoir l’impression que « son agression n’eut jamais eu lieu », tant le monde du tennis fit comme si de rien n’était. Le tournoi d’Hambourg alla jusqu’à son terme. Les joueuses votèrent, à une quasi unanimité, pour que sa place de n°1 mondiale ne soit pas protégée pendant son absence.
Monica Seles reviendra sur le circuit en 1995, mais ne retrouvera jamais son niveau d’antan. Certes, elle remportera l’année d’après, son neuvième titre du Grand Chelem en Australie, mais son compteur restera bloqué sur ce chiffre jusqu’à la fin de sa carrière, en 2008. Pendant ce temps, sa grande rivale Steffi Graf inscrivait son nom dans le panthéon du tennis.
Une question inévitable se pose. A quoi aurait ressemblé la carrière de Monica Seles si ce funeste jour d’avril à Hambourg n’avait pas eu lieu ? Malheureusement, elle reste sans réponse.
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Par Bastien Guy.