Partager la publication "Jérémy Chardy : « Tu ne peux pas être pour Federer et Nadal. Il faut choisir son camp. »"

Pour la première édition du Challenger de Pau, en février 2019, le natif de la ville et directeur du tournoi, Jérémy Chardy, qui a troqué son costume de 33e joueur mondial pour l’événement, a pris le temps de répondre aux questions de Tennis Legend. L’occasion pour lui de donner sa définition d’une légende du tennis.
« – Quand je te dis « Tennis Legend », à quoi penses-tu en premier ? Un point, un tournoi, un joueur ?
Aux joueurs. Plus Borg, McEnroe… Une légende ça doit être ancien. (rire)
– Donc, Roger Federer…
C’est une légende, mais il joue toujours. Pour moi, Roger est un joueur. Tu ne peux être une légende qu’à partir du moment où tu as arrêté de jouer. Voilà pourquoi j’ai pensé aux anciens. J’aurais pu te dire Sampras, Agassi…, mais je trouve que Borg et McEnroe représentaient une belle époque du tennis. Tous les gens étaient à fond dans le tennis, et je pense que c’était une des meilleures périodes pour le tennis. Et puis ils faisaient quand même des matchs incroyables. A mon avis, aujourd’hui, si l’on parle du tennis d’avant, ce sont les deux noms qui sortent en premier.
“J’ai toujours trouvé que le service était le plus beau geste du tennis.”
– Avais-tu une inspiration plus jeune qui a façonné ta manière de jouer ?
Mon idole, c’était Pete Sampras quand j’étais petit. J’ai toujours trouvé que le service était le plus beau geste du tennis [ndlr : c’est par ailleurs le service de Chardy qui orne l’affiche du tournoi], et Sampras était le plus grand serveur. Du coup, je regardais tout le temps des photos et des vidéos de son service. C’était aussi le moment où il y avait une concurrence entre lui et Agassi, et la plupart des enfants de mon âge était pour Agassi, donc j’étais encore plus content d’être pour Sampras.
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Compilation d’aces sur deuxièmes balles de Pete Sampras :
– Un peu comme avec Roger Federer et Rafael Nadal…
Oui, c’est dur d’être pour les deux, il faut choisir son camp. C’est comme au foot entre Paris et Marseille. Tu ne peux pas être pour les deux.
“Djokovic peut devenir le plus grand joueur de l’histoire.”
– As-tu une inspiration sur le circuit aujourd’hui ?
Les meilleurs du moment, que ce soit Federer, Nadal et Djokovic, sont de bonnes inspirations pour les joueurs de tennis et tous les sportifs en règle générale. Ce sont de supers professionnels. Ils essaient toujours de modifier des choses dans leur jeu pour continuer à progresser. Dès qu’il y en a qu’un qui commence à prendre le dessus sur un autre, l’autre change des choses dans son jeu pour prendre à son tour le dessus. Ils se tirent vers le haut les uns les autres. C’est ce que j’adore le plus chez eux et je pense que ce sont les meilleurs joueurs de tous les temps. Federer était le meilleur, Nadal est arrivé et a réussi à le battre, et Djokovic a réussi à battre les deux et être numéro un alors que Rodge et Rafa étaient à leur meilleur niveau. Cela montre bien que les trois ont un niveau de jeu, un physique et un mental hors-normes.
– Si tu devais établir une hiérarchie entre les trois, quel serait ton classement ?
Je mettrais Federer en 1 parce qu’il apporte beaucoup pour le tennis. Pas que sur le terrain, aussi en dehors. C’est un super ambassadeur pour notre sport. La façon dont il joue me parle et parle à tous les gens qui aiment le beau jeu. Je le mettrais en un pour tout ce qu’il a fait pour le tennis.
En 2, je mettrais Rafa. Même si j’aime moins la façon dont il joue, je trouve que mentalement et par rapport à son attitude de guerrier sur le court, c’est un exemple pour tous les jeunes. Je suis impressionné par sa façon d’être concentré à l’entraînement ou en match du premier au dernier point et de l’intensité qui peut mettre tout au long de l’année. Et puis toutes les fois où il a réussi à rebondir en étant blessé. Combien de fois les gens ont dit « c’est fini pour Rafa », et il revient plus fort qu’il n’a jamais été. C’est juste incroyable.
Et en 3, je mettrais Novak. C’est un énorme joueur, mais, malheureusement pour lui, il est un peu moins charismatique que les autres. Après, en termes de niveau de jeu, il sera peut-être le plus grand joueur de l’histoire. Je le mets troisième, mais dans les années à venir, s’il continue à jouer comme il joue, il va gagner beaucoup de Grands Chelems. Il peut devenir le plus grand joueur de l’histoire. Son image va vraiment évoluer dans les prochaines années.
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– Ces grands joueurs, tu les as côtoyés sur le circuit, mais aussi lors de la Laver Cup en 2018. C’était comment cette Laver Cup ?
J’aime bien le concept de la Laver Cup. Il est vraiment sympa. Tu as des légendes, des joueurs d’âges et de nationalités différentes, et les fans de tennis adorent. En tant que joueur, tu peux côtoyer tout le monde, passer plus de temps en dehors du court. Il n’y a pas de pression, donc tu passes de meilleurs moments. Tu peux parler de choses personnelles, demander des conseils, tu vas manger en ville, boire un verre, c’est complètement différent du circuit.
– Je suis obligé de te poser la question, mais pourquoi étais-tu au milieu de tous ces joueurs ?
Je pense que le fait qu’on s’entende très bien avec Roger est une chose importante pour lui. Il est à la base du projet de la Laver Cup. Quand il a fait son équipe, il a pris des joueurs qui sont bien pour l’événement et il préfère certainement avoir des gens avec qui il s’entend bien et avec qui il sait que ça va bien se passer. C’est lui qui m’a demandé si je voulais faire la Laver Cup et l’expérience était super. Même si je n’ai pas joué, tu apprends plein de choses en passant une semaine entière avec eux. C’était la première fois que je rencontrais Björn Borg. Pouvoir l’avoir comme capitaine, pouvoir l’avoir sur le court à l’entraînement, pouvoir échanger avec lui, est quelque chose d’unique.
Le fait d’avoir les gars sur le côté, tu peux aller parler au changement de côté, t’exprimer, aller sur le court, revenir t’asseoir, tout est filmé, que tu sois dans les vestiaires ou non. Tout le monde se prend au jeu. C’est marrant, ça nous fait rire, et tu vois que le public réagit. Les gens ont l’impression d’avoir une proximité importante avec toi, et je pense qu’on devrait essayer de le faire un peu plus sur les tournois ATP. Mettre en place des petites choses pour que les gens puissent voire comment tu t’échauffes, comment tu te prépares et leur permettre d’être plus proche de toi et, du coup, de s’intéresser plus à toi. De plus, l’image que tu as sur le court et la personne que tu es en dehors n’est parfois pas la même, donc donner aux gens l’occasion de te découvrir un peu plus en dehors peut être sympa.
La balle de match sauvée par Chardy contre Federer, à Rome en 2014
– Dernière question : si tu devais choisir un moment légendaire dans ta carrière, quel serait ton choix ?
Je pense la balle de match sauvée contre Roger à Rome (en 2014) car, après ce point, je reviens et je gagne le match. Je bats Roger pour la première fois de ma vie, en Master 1000. C’est un moment incroyable de battre le meilleur joueur de l’histoire. En plus, sur cette balle de match sauvée, mon coach s’était levé parce qu’il pensait que j’avais perdu, et moi aussi. C’est un des coups dont je me souviens le plus. »
Propos recueillis par Pierre Ledoux au Teréga Open Pau-Pyrénées.
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