Partager la publication "Carlos Moya : “J’ai une connexion spéciale avec Rafa Nadal.”"
Carlos Moya a remporté vingt titres en simple dans sa carrière dont un tournoi du Grand Chelem, à Roland-Garros en 1998. L’Espagnol a échoué en finale de l’Open d’Australie 1997 et en finale du Masters en 1998, mais il a été n°1 mondial en 1999. Le Majorquin, né en 1976, compte aussi à son palmarès une victoire en Coupe Davis, en 2004. Aujourd’hui, l’ancien adepte des décalages coup droit entraîne son compatriote et ami Rafael Nadal, aux côtés de son oncle Toni. A l’occasion de Roland-Garros 2017, Tennis Legend a pu interviewer l’ex-champion grâce à Lavazza. Entretien :
« On a une idée de la réponse mais quel est ton meilleur souvenir à Roland-Garros ?
Quand tu gagnes un Grand Chelem, tu ne l’oublies jamais, donc, évidemment, ma victoire à Roland-Garros en 1998. C’était un rêve qui devenait réalité. Je faisais partie des favoris car j’avais gagné à Monte-Carlo un mois avant, mais un Grand Chelem est toujours une histoire différente. C’est au meilleur des cinq sets et c’est différent mentalement. Je savais que j’étais capable de le faire mais tant que tu ne l’as pas fait, tu ne sais pas ce qui peut arriver.
Cette victoire à Roland est-elle également le meilleur souvenir de ta carrière ?
C’est difficile d’en ressortir juste un. J’en ai plein et j’en ai des moins bons aussi. L’Open d’Australie 1997 (Ndlr : Carlos Moya atteint la finale et perd contre Pete Sampras) est probablement le tournant de ma carrière. Ensuite, devenir n°1 mondial était quelque chose de génial également, comme gagner la Coupe Davis. Enfin, il y a Roland-Garros, donc je ne peux pas en sortir un mais j’en ai plusieurs au même niveau.
Quel est ton pire souvenir à Roland-Garros ?
J’ai quelques mauvais souvenirs mais le match que je perds contre Agassi en 1999 a eu un gros impact car je défendais mon titre ici. J’avais eu des difficultés sur les premiers matches, puis je jouais mieux, et j’ai rencontré Agassi en huitièmes. Sur terre, j’étais le favori et je menais assez rapidement, puis j’ai lâché mentalement pendant un moment, et quand j’ai essayé de revenir dans le match, c’était trop tard. Je pense que si j’avais gagné ce match, j’aurais gagné le tournoi, mais j’essaye de me souvenir des matches que j’ai gagnés et pas ceux que j’ai perdus car tu deviens fou sinon, mais c’est probablement mon pire souvenir.
Quel est ton meilleur match à Roland-Garros ?
Probablement contre Marcelo Rios en quarts de finale en 1998.
Et ton pire match à Roland-Garros ?
Le dernier que j’ai joué ici. Je perds contre Eduardo Schwank. Il crampait et je perds 6/4 au cinquième. C’est aussi un de mes pires souvenirs.
Quel joueur t’a le plus impressionné durant ta carrière et pourquoi ?
C’est difficile d’en nommer juste un. Rafa, Federer, Sampras, tous ces joueurs jouaient incroyablement bien et ils ont marqué l’histoire du tennis, donc je les mets tous au même niveau.
Quel joueur n’appréciais-tu pas jouer et pourquoi ?
Je n’aimais pas les gauchers en général (rire). J’avais du mal contre eux. Mon jeu n’était pas bon contre les gauchers.
Qui était ton meilleur ami sur le circuit ?
J’avais plusieurs amis : Rafa, Fernando Vicente, Galo Blanco, Zabaleta, Kuerten, Lapentti,
Et le joueur que tu n’aimais pas ?
Aucun. Il y avait des joueurs avec qui je n’avais aucune relation, mais aucun que je n’aimais pas.
Qui était le joueur le plus fou ou le plus drôle ?
J’adorais Fernando Vicente. On a grandi ensemble à Barcelone. Je suis passé pro avant lui, puis il est arrivé sur le tour, et on passait beaucoup de temps et de bons moments ensemble.
As-tu une anecdote marrante, insolite à nous raconter ?
J’ai oublié énormément de choses. Récemment, nous discutions pendant un dîner avec Toni et Rafa et ils m’ont rappelé tellement de choses que j’avais oubliées.
Comme quoi ?
(Il rigole) Je ne peux pas te les dire ici. Nous avons énormément joué aux jeux vidéos et nous prenions des paris. Le perdant prenait des gages et il devait parfois faire des choses un peu folles. J’ai perdu, Rafa aussi, comme David Ferrer ou David Nalbandian.
Depuis quand connais-tu Rafa ?
Depuis qu’il a 11 ans. C’est devenu un ami proche sur le circuit ensuite. Nous sommes de la même île et, quand je suis devenu pro, personne n’était de Majorque. Il y a eu une connexion spéciale entre nous car je l’ai vu tenter de devenir pro, puis arriver à percer.
Lui as-tu donné des conseils ?
Il me posait des questions donc je lui en ai probablement donnés mais je ne m’en souviens plus. C’était il y a 15 ans.
Que penses-tu de lui en tant que joueur, en tant que personne ?
C’est un joueur exceptionnel, très talentueux. C’est un grand compétiteur, une bête. C’est absolument incroyable. Tout a été déjà dit sur lui pour le décrire en tant que joueur.
Qu’avez-vous fait entre 2010 et 2016 ?
J’ai passé beaucoup de temps avec ma famille, j’ai voyagé un peu pour faire le Senior Tour, j’ai été capitaine de l’équipe d’Espagne de Coupe Davis, puis je suis devenu le coach de Raonic.
A la fin de votre carrière, voulais-tu devenir coach ?
Non, je n’avais pas pensé à ça. Quand tu prends ta retraite, tu passes quelques années sans savoir ce que tu veux faire. Tu profites simplement de la vie, puis j’ai eu la chance de devenir le capitaine de l’équipe d’Espagne de Coupe Davis en 2013, le coach de Raonic en 2016, et le coach de Rafa. Je savais que j’allais être impliqué dans le tennis car c’est ma vie et c’est seule chose que je connais, mais je ne savais exactement quelle allait être ma place dans le milieu.
Quel fut ton premier conseil à Rafa en tant que coach au début de l’année ?
Je voulais être sûr qu’il soit toujours prêt à remplir sa mission. J’ai vraiment cru en lui, je lui ai fait confiance. Le problème était mental. Il doutait un peu de lui et il ne savait pas ce qui allait arriver. J’ai juste essayé de lui expliquer à quel point j’étais motivé de travailler avec lui. Nous avons essayé de revenir aux bases. Nous avons travaillé pour qu’il retrouve son coup droit, pour qu’il soit plus agressif, pour qu’il varie un peu plus au service, pour qu’il fasse attention à sa nutrition, à sa récupération. Quand on a 30 ans, c’est un point très important à ce stade de sa carrière.
Comment travailles-tu avec Toni ?
Cela se passe très bien. Nous partageons beaucoup de choses. Nous avons le même objectif : aider Rafa être le meilleur joueur possible. Nous savons ce dont il a besoin. Il a sa façon de travailler, j’ai la mienne, mais nous voulons la même chose à la fin. Nous voulons que Rafa soit solide, qu’il soit agressif, qu’il améliore son service. Et nous nous connaissons très bien depuis longtemps.
Toni te donne-t-il des conseils ?
Oui, bien sûr. Il a plus d’expérience que moi, il connaît mieux Rafa que moi. Je suis un jeune entraîneur et je veux m’améliorer donc, si tu es intelligent, tu essayes de demander des conseils à des personnes qui sont plus expérimentées.
Rafa est revenu au sommet cette année pour ta première année de collaboration avec lui.
Pour le moment, tout se passe bien oui. Tant qu’il sera en forme, je pense qu’il restera longtemps près du top niveau.
Es-tu prêt à entraîner Rafa Nadal seul avec le retrait de Toni ?
Je ne serai pas seul. Je serai avec Francis Roig l’année prochaine (Ndlr : il est déjà dans la Team de Rafael Nadal). Il a beaucoup d’expérience et je pense que nous allons former une bonne équipe. Nous le faisons déjà. »
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