Partager la publication "Le jour où Gustavo Kuerten, miraculé contre Russell, a dessiné son premier coeur (Roland-Garros 2001)"
Des tenues de toutes les couleurs, des bouclettes dans tous les sens, un sourire communicatif, un revers à une main sublime et quelques matches au suspense insoutenable… Tant de mots qui décrivent Gustavo Kuerten, lié à jamais à la légende de Roland-Garros. Guga fait partie de cette poignée de champions qui incarnent, à eux seuls, l’âme d’un tournoi. C’est dire à quel point le Brésilien a marqué l’histoire du Grand Chelem parisien, lui, qui s’y est imposé trois fois (1997, 2000 et 2001).
Mais il ne s’en est fallu de rien pour que son ultime titre lui échappe. En huitièmes de finale, il affronte le qualifié américain Michael Russell. Une simple formalité sur le papier. Mais ce 3 juin 2001, le Brésilien n’a pas de bonnes sensations et se bat contre lui-même. D’autant plus que les conditions de jeu sont particulièrement difficiles : de fortes rafales de vent soufflent sur le Chatrier, empêchant Guga de se régler. Russell mène deux sets à rien et se procure une balle de match dans le troisième set. Au bord du gouffre, le tenant du titre la sauvera d’un coup droit gagnant, plein de sang-froid, concluant un rallye irrespirable de 26 coups de raquette. Habitué des matches à rebondissements, Kuerten s’imposera finalement en cinq sets, dans une ambiance indescriptible (3-6, 4-6, 7-6, 6-3, 6-1).
Pour remercier le public de l’avoir poussé jusqu’au bout, Kuerten traça spontanément, à l’aide de sa raquette, un cœur sur la terre battue du central, avant de s’y agenouiller et de distribuer des baisers aux spectateurs. Un symbole fort, resté gravé dans les mémoires. Ce cœur, Guga le redessinera une semaine plus tard, après sa victoire contre Alex Corretja en finale, pour son troisième sacre à Roland-Garros.
Guga déclarera quelques années plus tard que son match contre Russell, remporté miraculeusement, est celui qui l’a le plus marqué dans sa vie de joueur professionnel : « Au niveau des émotions, c’est le plus beau moment de ma carrière. Rien d’autre n’est comparable à cet instant. C’est “le” match que je retiendrais si je devais n’en choisir qu’un. Ma connexion avec le public était tellement forte… Ce cœur était ma manière de remercier les gens de leur soutien et du moment si fort que nous étions en train de vivre. Si j’avais pu me jeter dans les bras de chacun d’entre eux, je l’aurais fait. Ce match-là, logiquement, j’aurais dû le perdre. Mais il ne m’arrivait jamais grand-chose de logique à Roland-Garros. »
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Kuerten – Russell, le résumé pop-corn
Un résumé de 2 minutes
Par Bastien Guy.