Partager la publication "Martina Hingis – Steffi Graf, Roland-Garros 1999 : la finale d’anthologie où la Suissesse craqua nerveusement"

La finale dames de l’édition 1999 de Roland-Garros est un des matches légendaires qui a le plus fait couler d’encre dans l’histoire du tournoi. Et de larmes : celles de Martina Hingis, qui craqua nerveusement ce 5 juin 1999, et se fit prendre en grippe par le public parisien.
Pourtant, cette finale était promise à la Suissesse, qui survolait le tennis féminin mondial à l’époque. A 18 ans, son palmarès est colossal : cinq Grands Chelems et deux records. Celui de la plus jeune joueuse de l’histoire à avoir remporté un tournoi du Grand Chelem (16 ans, à l’Open d’Australie en 1997) et celui de la plus jeune n°1 mondiale de tous les temps (la même année). La championne à la précocité incroyable se présente comme la digne héritière de la reine du tennis, Steffi Graf, qu’elle retrouve justement en finale à Paris. L’Allemande, qui s’approche de la trentaine, est en fin de carrière et espère finir en beauté.
Pendant un set et demi, la Suissesse balade la femme aux 21 Grands Chelems avec des frappes d’une précision chirurgicale. 6-4, 2-0. A cet instant, il est difficile d’imaginer comment ce match peut échapper à la jeune Martina. Et pourtant, la rencontre va totalement basculer. Dans le troisième jeu du second set, un retour de coup droit d’Hingis est annoncé faute. L’arbitre de chaise et la juge de ligne vérifient la marque mais ne la retrouvent plus. Le règlement stipule dans ce cas de conserver l’annonce originale. Le point est donc accordé à Graf. Hingis conteste cette décision et décide d’aller dans le camp de son adversaire, chose interdite, pour vérifier elle-même la trace de la balle. Voyant que l’arbitre ne cède pas, elle s’assoit sur son banc et refuse de continuer la partie. Le public, qui a choisi son camp, la siffle copieusement. Ayant déjà pris un avertissement plus tôt dans la partie, elle écope d’un point de pénalité pour “comportement antisportif”. La Suissesse servira tout de même pour le match à 5-4, mais c’est bien Graff, poussée par tout le court central, qui s’emparera du set (7-5).
Hingis regagne les vestiaires, prenant une pause longue de sept minutes. A son retour sur le central, elle est accueillie par une terrible bronca. La fin du match est encore plus houleuse. L’adolescente, au culot, sert deux fois à la cuillère sur des balles de match. La réaction du public ne se fait pas attendre. Les sifflets sont de plus en plus nombreux et bruyants. Elle efface la première, mais rate son service sur la deuxième, puis perd le point. Jeu, set et match Graf (4-6, 7-5, 6-2). L’Allemande remporte le 22ème et dernier Grand Chelem de sa carrière. Hingis quitte le court en pleurs, sous les huées du public. Sa mère la ramènera pour la cérémonie des trophées, qu’elle avait envisagé de boycotter. Après quelques mots en français, le public se montrera clément et applaudira finalement la Suissesse.
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Par Bastien Guy.