Partager la publication "Henri Leconte : « Le plus emmerdant à jouer, c’est McEnroe »"

Henri Leconte est une figure incontournable du tennis français. A bientôt 52 ans, l’ancien n°5 mondial, vainqueur de neuf titres au cours de sa carrière, est désormais un homme aux multiples casquettes. Joueur sur le Senior Tour et dans des tournois exhibitions, consultant, Riton s’est également lancé dans un projet : développer le Padel en France. A l’occasion des Internationaux de France 2015, nous avons rencontré le dernier joueur tricolore à avoir atteint la finale à Roland Garros. C’était en 1988… Bavard, le vainqueur de la Coupe Davis 1991 a évoqué ses souvenirs sur la terre battue parisienne, nous a raconté quelques anecdotes, et il a parlé Padel. Entretien.
“Quel est ton plus beau souvenir à Roland Garros ?
Le plus beau, c’est 88. Je fais un beau parcours avant la finale. J’ai pas mal de bons souvenirs : 92, grand moment, le retour du vengeur masqué. Je n’avais pas joué et je fais demi-finale. Je perds contre Korda en faisant un match d’anthologie contre Kulti en quarts. J’étais mené deux sets zéro et je gagne en cinq sets.
Quelques images de Riton à Roland en 1988 contre Boris Becker en huitièmes.
Comment est né ce surnom du vengeur masqué ?
C’est Yannick Noah qui me l’a donné. C’était sympa. On ne m’attendait pas et j’arrive de nulle part. Ce sont des grands moments.
Un peu plus de 25 ans après, que penses-tu de ton fameux discours tant décrié après ta défaite en finale contre Mats Wilander en 1988 ?
C’était plus maladroit qu’autre chose. Quand tu es déçu, ça défile tellement vite dans ta tête que tu dis parfois des conneries. En fin de compte, je parlais de ma semaine aussi mais j’étais maladroit. D’un côté, on s’en souvient (rire) et d’un autre, tu as les boules. Ce ne sont pas des bons souvenirs mais cela m’a fait évoluer.
Voir sur Tennis Legend : Leconte – Wilander, Roland Garros 1988 : le résumé de la finale et le célèbre discours de « Riton »
Justement, quel est ton plus mauvais souvenir à Roland Garros ?
Ma finale. Même quand tu perds au premier tour ou au deuxième tour ici, ce ne sont pas des mauvais souvenirs mais ma finale, c’est le plus mauvais.
Le joueur qui t’a le plus impressionné dans ta carrière ?
Celui qui est le plus impressionnant et qui est franchement embêtant même emmerdant à jouer, c’est McEnroe. Après, j’ai joué des Pete Sampras, des Becker. Sampras était impressionnant même si je l’ai toujours battu.
Dans chaque génération, il y a eu des joueurs incroyables. J’ai commencé avec Borg, Connors, McEnroe. Après j’ai eu des Wilander, des Edberg, des Becker et puis après Sampras qui a détrôné tout le monde. Maintenant, on a Roger Federer.
Tu as joué beaucoup de grands joueurs de différentes générations, as-tu vraiment senti le niveau évoluer avec le temps ?
Oui, ça a évolué surtout en matière d’entraînement, de perfectionnement. Ce sont des Formule 1 aujourd’hui. Nous, on était des précurseurs. On était bien loin de ce qui peut arriver aujourd’hui.
Le joueur le plus difficile à jouer sur terre ?
Wilander ! Il m’a toujours battu.
Et celui que tu n’aimais pas jouer ?
McEnroe. Imprévisible, sens du jeu inné, caractériel, il avait tout. Je ne l’ai battu que sur le Senior Tour mais ça ne compte pas.
Quelle est l’anecdote la plus folle de ta carrière ?
Un truc marrant, c’était à Sydney en finale en 1985. Je joue Kelly Evernden. On jouait sur gazon. Une balle arrive, le ramasseur n’y va pas et, tout d’un coup, il y a un chien qui débarque. Il prend la balle et il se barre du terrain. C’était drôle. C’est une anecdote parmi tant d’autres mais elle m’avait fait rire.
Joues-tu toujours beaucoup au tennis ?
Je joue toujours beaucoup au tennis mais également au padel. Je fais beaucoup de tournois exhibitions et je participe à beaucoup d’événements.
A quel classement estimes-tu ton niveau ?
-2/6, -4/6. Pas mal à 52 ans.
Parmi les légendes, quel joueur est le plus fort actuellement ?
Avant, il fallait avoir 35 ans pour jouer les légendes. Maintenant, certains ont 30/32 ans quand ils arrêtent. Moi, j’ai 52 cette année. Tu as Goran (Ivanisevic), Philippoussis, Enqvist qui jouent très bien mais ils sont tous plus jeunes. Dans notre génération des 50, McEnroe joue très bien, Edberg aussi, mais John joue encore incroyable pour son âge.
McEnroe, c’est vraiment un mauvais perdant ou c’est du cinéma ?
C’est un mauvais perdant, c’est un caractériel. Non, ce n’est pas du cinéma. Il s’en amuse maintenant mais il a toujours été comme ça.
Tu évoquais le Padel, est-ce que tu penses que cette discipline, qui est très populaire en Amérique du Sud et en Espagne, peut également devenir un phénomène en France ?
Oui, sincèrement, je le pense. On s’amuse immédiatement au Padel et on a tout de suite des sensations. Au tennis, même si aujourd’hui on a le matériel adapté, on va mettre plus de temps. Le Padel est beaucoup plus ludique pour les enfants, plus facile pour les parents et pour les grands-parents aussi car tout le monde peut jouer.
C’était méconnu en France. Aujourd’hui, la FFT l’a absorbé. Cela leur permet d’avoir un peu plus de licenciés donc ça veut dire qu’ils y croient. J’y crois vraiment mais il faut avoir un vrai concept et pas simplement implanter des courts. Il faut vraiment faire comprendre aux gens ce que c’est, comment on joue, et c’est l’ambition du Henri Leconte Padel.
Pour jouer au Padel, où doit-on aller et combien cela coûte ?
Soit tu prends une petite cotisation dans un club qui propose du Padel et du tennis, soit tu loues à l’heure. Les prix varient en général entre 15 et 20 euros de l’heure. Cela peut être plus cher, ça dépend des clubs aussi. Pour savoir où jouer, tu vas sur www.hlpadel.com. On a quatre clubs à Manosque, à Aix-en-Provence, à Sète et bientôt à Avignon.
Et dans la région parisienne ?
Il y a en a un petit peu et on essaye en ce moment de s’y implanter mais le problème de Paris, c’est qu’on aimerait l’avoir en salle.
Est-ce possible de faire des compétitions en France de Padel ?
Il va y avoir les championnats de France au mois d’octobre et on va commencer à organiser des tournois.
Au niveau des classements, comment ça marche ?
Pour l’instant la FFT a gardé les classements du tennis.On compte comme au tennis et c’est toujours en double.”
Bonus : des points de mutant au Padel
2 COMMENTS
Henri Leconte = great player, great guy !
Leconte = most talented player !