Partager la publication "Entretien avec la légende du double Mike Bryan"

A 40 piges, Mike Bryan est redevenu n°1 mondial de double à la faveur d’une saison 2018 remarquable commencée avec son jumeau Bob, puis terminée avec Jack Sock avec lequel il a gagné Wimbledon et l’US Open. Associé à son frère, le droitier des Bryan a fait tomber tous les records de l’histoire du double. Son palmarès est long comme le bras. Accrochez-vous : 120 titres en double messieurs en 181 finales, 18 titres du Grand Chelem, 4 en double mixte également, la Coupe Davis 2007, la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Londres 2012, tous les Masters 1000, le Masters… Bref, le Californien a absolument tout gagné. A l’occasion du Rolex Paris Masters 2018, Tennis Legend a pu interviewer la légende du double. Entretien.
«- Après tant d’années sur le circuit. La motivation est-elle toujours la même ?
Oui, je suis toujours excité de jouer. Chaque jour, je réalise que j’arrive bientôt à la fin donc j’apprécie encore plus chaque instant. J’essaye de maximiser la dernière partie de ma carrière. Je réalise que j’ai passé 20 années amusantes sur le circuit et je me rends compte que j’aime toujours ce que je fais. Je me lève toujours tous les matins avec l’envie d’essayer d’être meilleur et de gagner autant de matches que je peux. Cette année 2018 a été très excitante pour moi. J’ai eu une sorte de renaissance et j’ai gagné plusieurs gros tournois sans mon frère, ce qui est vraiment différent.
– Quel est le secret pour être toujours n°1 mondial à 40 ans ?
Cette année, j’étais vraiment motivé pour essayer de mieux jouer car je trouvais que les dernières années n’étaient pas les meilleures, donc je voulais totalement me concentrer sur le fait de bosser dur et de voir si je pouvais revenir au top niveau. J’ai eu peut-être un peu de chance, j’ai joué du très bon tennis, j’ai été en pleine forme, et j’avais une sorte de nouvel engouement pour le jeu. Toutes les planètes étaient bien alignées et c’est un sentiment génial de redevenir n°1 mondial. Je ne m’y attendais pas à 40 ans. A cet âge, tu as l’impression d’être au bout du bout (rire), mais je me sens plutôt jeune à vrai dire. Tant que je prends soin de mon corps et de ma préparation, je peux toujours jouer.
A 40 ans, “je suis toujours excité à l’idée de progresser”.
– Penses-tu pouvoir encore progresser à 40 ans ?
M’améliorer… (Ndlr : Il prend quelques secondes de réflexion) Oui. Le double est un sport où tu peaufines des petites choses en permanence. J’ai changé des petites détails dans mes entraînements, j’ai changé de raquette, maintenant je porte des lunettes. J’essaye d’être 1 ou 2% meilleur chaque année. Une fois que tu sens que tu es sur le déclin, c’est le moment où je pense qu’il faut raccrocher les raquettes. Donc, oui, je suis toujours excité à l’idée de progresser.
– Tu t’es qualifié pour le Masters avec deux joueurs différents. Ton frère est blessé mais, s’il avait pu jouer, quel est le règlement dans cette situation ?
Je suis pratiquement certain que j’aurais dû choisir le partenaire avec lequel je voulais jouer. S’il était apte, j’aurais évidemment joué avec Bob, mais je suis content de jouer avec Jack. Il a joué le Masters l’année dernière en simple et il le fait en double cette année. J’espère que nous jouerons un dernier très bon tournoi ensemble.
– Excepté toi et ton frère, quel est le meilleur joueur de double de l’histoire du tennis ?
Il y en a tellement ! Les Woodies (Mark Woodforde et Todd Woodbridge), John McEnroe et Peter Fleming, Daniel Nestor, qui vient de se retirer à 45 ans, et qui a gagné tous les tournois et la médaille d’or olympique, Leander Paes, Mark Knowles… Il y en a tellement et je suis heureux d’être mentionné parmi eux. J’ai joué pendant 20 ans donc j’ai affronté les Woodies, et joué contre plusieurs générations de joueurs. Toutes ces légendes du double sont quasiment à la retraite et j’espère qu’il y en aura d’autres qui prendront le relais.
Les 10 plus beaux points de la carrière des frères Bryan
– Te rappelles-tu ton premier tournoi ATP avec ton frère ?
Oui, c’était à Atlanta en 1996 (Ndlr : Il avait joué l’US Open 1995 avec son frère aussi). Nous avons gagné notre premier match, je crois 7/6, 7/6, nous avions 17 ans, puis on a perdu 7/6 au troisième au deuxième tour. Nous avons donc gagné notre premier match, ce qui est génial. L’année suivante à Atlanta, on a perdu contre Andre Agassi et Sargis Sargsian, je crois que c’était 6/1, 6/2, (Ndlr : Il se souvient des scores de matches datant de plus de 20 ans !) le jour de notre anniversaire. Ils ont ramené un gâteau sur le court car on est nés le même jour qu’Andre (29 avril) et c’était un moment sympa.
– Tu donnes l’impression de te souvenir de tous les matches.
Non, pas tous, j’en ai joué plus de 1500 mais je me rappelle de tous les plus importants.
– Qui est le joueur de double le plus drôle sur le circuit ?
Daniel Nestor était très drôle. Il était très bruyant dans les vestiaires et il était déconneur. Bruno Soares est également assez drôle. C’est tout, les autres sont plutôt sérieux (rire).
– Et le plus fou ?
Probablement, Jean-Julien Rojer. Il a un côté sauvage. C’était un gros fêtard quand il était à l’Université à UCLA et je pense qu’il en profite toujours.
– Cela fait très longtemps que tu es sur le circuit, tu dois bien avoir des histoires amusantes, des anecdotes à raconter.
Sérieusement, tu ne peux pas me mettre dans une situation pareille (rire), il y en a trop.
– Quels sont les meilleurs souvenirs de ta carrière ?
Probablement jouer pour mon pays et gagner la Coupe Davis en 2007. Bob et moi avons gagné le dernier match (3/0 pour les Etats-Unis contre la Russie) et c’était un moment fort avec nos équipiers Andy Roddick et James Blake. Il y a aussi la médaille d’or aux Jeux Olympiques 2012. Ce sont vraiment des titres spéciaux et cela fait partie des très grands moments de notre carrière. »
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