Partager la publication "Maxence Brovillé, 18 ans, sparring-partner des Maîtres au Masters 2017"
Maxence Brovillé, 18 ans, classé -15 en France et 1289e au classement ATP, a vécu une belle aventure. Grâce à Tecnifibre dans le cadre de l’opération « On the road to the ATP World Tour », il a participé au Masters 2017, à Londres. Son rôle ? Sparring-partner. Sur chaque tournoi du circuit, des joueurs d’un très bon niveau national, mais encore loin du Top 100, sont mis à disposition des participants pour leurs entraînements. Le jeune toulousain a eu cette opportunité au tournoi des Maîtres, où il a côtoyé et joué avec la crème du tennis en simple et en double pendant plus d’une semaine. Dans la magnifique enceinte de l’O2 Arena, le longiligne droitier d’1m93 est revenu pour Tennis Legend sur cette expérience.
« Les sparring-partners au Masters, comment ça marche ?
– Il y a plusieurs sparrings. Moi, je suis invité par Tecnifibre et les autres sont invités par l’ATP. Le gérant de l’ATP s’occupe de tout. Il fait les programmes d’entraînement, il nous place avec tel ou tel joueur en concertation avec les coachs et les joueurs, puis il nous envoie le programme le soir pour le lendemain. On peut avoir des journées plutôt cool où on va taper une heure, une heure et demie, et des grosses journées où on va taper trois ou quatre heures. On peut aussi être appelé au dernier moment. Cela m’est arrivé avec Goffin. Le sparring prévu s’était fait mal à l’épaule, donc j’ai dû le remplacer.
Sur une journée avec quatre heures de tennis, dans quel état finis-tu la journée ?
– Bien explosé. C’est dur ! En plus du côté purement physique, je consomme énormément d’énergie en concentration car je n’ai pas envie de me louper.
Avec qui as-tu joué cette semaine ?
– J’ai fait tout le monde sauf Cilic et Zverev. Avec les joueurs de double, j’ai joué avec les frères Bryan, Rojer et Tecau.
J’ai eu des frissons en voyant Federer entrer sur le terrain
Etais-tu stressé les premiers entraînements ?
– Au départ, j’étais stressé contre Dimitrov car il ne m’a pas forcément mis à l’aise. Il était poli, mais très concentré et fermé, et je voyais qu’il voulait vraiment que je sois très précis. Cela m’a mis un peu de pression et j’ai eu du mal à me lâcher. Comme il était un peu fermé, je pensais que je n’avais pas été bon, mais il m’a redemandé à chaque fois les jours suivants. Il est juste extrêmement concentré pendant ses entraînements. Avec Federer, forcément, j’étais aussi très tendu également au début. Sur le terrain, en l’attendant, cela allait, mais dès que je l’ai vu rentrer sur le court, j’ai eu une petite montée de frissons. C’était un peu bizarre, mais l’entraînement s’est bien déroulé. Avec les autres, cela s’est bien passé. David Goffin et les frères Bryan sont très cool et ils m’ont mis tout de suite à l’aise.
Quel est le joueur que tu as trouvé le plus exigeant ?
– Je dirais Dimitrov. Il est plus appliqué que les autres je trouve et il met plus d’intensité. Tu sens qu’il cherche toujours à frapper des coups parfaits.
Certains joueurs t’ont-t-ils donné des conseils ?
– Oui, cela peut arriver, mais c’est rare. A la volée, on m’a donné deux trois conseils sur mes positionnements, mais, de manière générale, ils sont là pour eux, et ils ne s’occupent pas du sparring. Moi, mon objectif est juste de leur donner une bonne qualité de balle et de répondre à leurs attentes.
T’es-tu retrouvé en difficulté sur certaines situations avec des joueurs ?
– Non, car ce sont des situations relativement classiques : des diagonales, des chips sur le coup droit, des zones à toucher au service.
Les joueurs de double sont impressionnants
Par rapport à toi, au niveau de l’intensité et de la qualité de balle, vois-tu une différence énorme ?
– Oui. Ils sont beaucoup plus relâchés. Ils frappent plus fort sans forcer. Après, il y a des petites différences entre les joueurs. Dimitrov joue très profond et très fort. Thiem a une balle super liftée, très lourde. Goffin joue plus en contre et j’ai l’impression qu’il peut faire ce qu’il veut en revers. Quant aux Bryan, ils ne loupent pas une volée.
Les joueurs de double t’ont impressionné ?
– Franchement, oui. On ne s’en rend pas forcément compte, mais ils vont à dix mille. Ils ne font que bouger, ils ne ratent pas un retour. Ils ont des réflexes incroyables. Je ne pensais pas que j’allais prendre autant de plaisir à les regarder. C’était vraiment beau à voir.
As-tu eu l’occasion de faire des points ou des sets avec les joueurs de simple ?
– Non, pas avec les joueurs de simple. Ils travaillent des schémas précis, mais ils ne font pas trop de points. En double, par contre, j’ai eu l’occasion de faire des points. J’ai joué avec Ergi Kirkin, un autre sparring, et on a fait un set contre les Bryan. J’ai mis un jeu de service à l’arrache et on a pris 6/1 (rire). C’était compliqué. Même quand on retourne bien, ils bouchent tous les angles et on se faisait punir. Sur nos jeux de service, ils mettent tout le temps la balle en jeu. S’ils sont vraiment concentrés, on peut prendre deux bulles je pense.
Comment se préparent les Top players avant un match au Masters ?
– J’essayais d’aller en salle juste avant leur match pour voir comment ils se préparaient et ils ont tous des routines un peu différentes. Les mecs grands, comme Zverev et Cilic, vont plus travailler sur leurs hanches, sur des déplacements avec des medecine balls, alors qu’un mec comme Thiem fait du tapis roulant, du fractionné, des accélérations immédiatement. Il arrive bouillant sur le terrain. Federer, je l’ai vu rapidement. C’était détente, mais il fait du travail caché. Les joueurs de simple ont un vestiaire personnel qui est assez grand et il fait un gros travail dans sa loge je pense. Il doit forcément faire des trucs car tu ne peux pas arriver sur un match sans être échauffé et physiquement, au niveau des jambes, il est super rapide.
Plein de petits détails font une énorme différence
Quels enseignements vas-tu tirer de cette expérience pour progresser ?
– Dans mon jeu, je sais tous les petits détails que j’ai à travailler au niveau de mon déplacement. Il faut que je prenne en puissance au niveau du bas du corps. Les mecs sont souples et puissants, très bas sur les jambes. A tous les entraînements, ils sont rigoureux, concentrés et ils ont très peu d’écart de concentration. Ils donnent l’impression de vouloir toujours s’améliorer alors qu’ils font tous partie des meilleurs joueurs du monde. Il y a plein d’autres détails comme les prises de balle, les retours de service, le relâchement, le timing. Ils frappent super fort sans forcer. Si j’essaye de frapper comme eux, je sais très bien que je vais être crevé au bout de 30 minutes. C’est plein de petits détails qui font une énorme différence. J’ai encore pas mal de boulot.
Comme Dimitrov te reprend à chaque fois, as-tu envie qu’il gagne ?
– Oui, mais au-delà de ça, je m’identifie plus à un mec comme Dimitrov que Federer dans le sens où on a peu le même gabarit. Il est assez sec, droitier, revers à une main, et j’aime bien sa personnalité. Un petit Dimitrov / Federer en finale, ça me ferait plaisir (Ndlr interview réalisée avant les demi-finales).
Et ton idole, qui est-ce ?
– Nadal. J’ai tapé un peu avec lui mais je n’ai pas pu vraiment m’entraîner. C’est un peu mon regret. Depuis que je suis tout petit, je suis fan de Nadal. Je suis droitier, j’ai un revers à une main, mais j’ai toujours supporté Nadal. J’ai essayé de m’attacher à un autre joueur, mais je n’y arrive pas (rire). Nadal prend toujours le dessus. »
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